lundi 28 mai 2012

Prague

Je regarde la couleur noire du fleuve, le Vtlava. Je repense à ce jour du mois d'août 1968, les chars soviétiques envahissent la Tchécoslovaquie. La " normalisation" est vite rétablie et le printemps de Prague enterré pour vingt ans.



Le Vtlava


Aujourd'hui, les sentinelles de pierre me font passer le pont Charles, un des bijoux de la ville.



Le pont Charles


Au détour d'une charmante ruelle, je découvre le château royal de Prague, résidence des rois et des princes de Bohême. Installé sur les hauteurs de la ville, il domine de magnifiques jardins à l'italienne. je reviens dans la vieille ville en traversant le jardin en espalier de Mala Strana.



passage pavé qui mène au château




le Château




les jardins

Il est 17 h et il pleut. Tout est silence et respect dans le cimetière juif .Il est le plus célèbre des cimetières juifs et renferme des tombes de plusieurs siècles dont la plus ancienne date de 1440


le cimetière juif

Il pleut toujours, je rentre 

mercredi 23 mai 2012

Le marché

Les salades étalent leurs jupes vertes sur le fond du cageot et rient en regardant les asperges dans leurs bottes. Des bottes au mois de mai, quelle idée ?




Un peu plus loin les poireaux poireautent dans le vent en attendant d'être bien au chaud dans une soupe.
Les haricots se lamentent auprès des petits pois: " on en a marre d'être l'éternelle star de la garniture de légumes et les pommes de terre de dire, " nous, nous ne sommes que les dames de compagnie "
Les radis murmurent de tendres paroles aux tomates qui rougissent de confusion.




Le merlan et le bar  pleurent doucement, sans faire de bruit, et leurs larmes coulent sur la glace. Ils repensent à cette mer, profonde, limpide, secrète qui les a vu naître et qu'ils ne reverront plus. Un peu plus loin, couché sur son lit d'algues, un saumon, roi des torrents fait la cour à une mignonne demoiselle appelée truite.




Les meules de Comté regardent les salades, elles se disent " Quel joli écrin de verdure, qu'elles feraient  mais hélas, ce sont les petits fromages de chèvres qui vont se lover dans leurs feuilles.




Les fleurs serrées les unes contre les autres éclatent en mille couleurs et offrent un magnifique feu d'artifice, et laissent retombées mille parfums.



bouquet de pivoines ramenée du marché

Petites histoires entendues sur le marché  un certain mardi matin

samedi 19 mai 2012

Colette

Une légère brise fait danser les feuilles de la vigne vierge. Colette regarde le gros chat roux endormi sur une chaise. Colette, une tasse de thé à la main, repense à cette campagne bourguignonne qui l'a vu naître et qu'elle a tant aimé.
Elle ferme les yeux et  il lui reviens en mémoire des brides de  vie.



Maison de Colette peinte par Céline Chollet

elle se revoit courir dans la campagne en compagnie de sa mère, Sido. De son enfance, elle gardera à jamais l'amour de la nature.

Elle a 20 ans et sa rencontre avec Willy la fascine. Elle  admire cet homme érudit. Elle  le suit dans ce Paris inconnu et dangereux. Elle s'ennuie loin de sa mère. Pour se distraire, Willy  l'encourage à écrire.

Après avoir beaucoup écrit sur sa vie, volontiers provocatrice, elle revient aux choses simples, pleines de poésie : Sentir les parfums du vent, raconter les chats qui s'étirent au soleil, parler des couleurs du temps...

De sa fenêtre, elle regarde les grappes pesantes de fleurs des marronniers du jardin du Palais Royale en attendant Cocteau avec lequel elle dégustera un bon verre de vin de Bourgogne.


Appartement de Colette au Palais Royale




marronnier du jardin du Palais Royale


Colette sursaute au bruit que fais le gros chat roux en sautant de sa chaise. Elle l'appelle de son inoubliable voix à l'accent bourguignon.


" Le difficile, ce n'est pas de donner, c'est de ne pas tout donner "
Colette



mardi 15 mai 2012

Escapade en Lombardie

La lombardie est belle, sublime et éternelle. Elle est presque intimidante.

Pavie, ville riche d'un passé de deux mille ans, lovée sur la rive gauche du fleuve, Ticino, s'offre à moi.

Le pont couvert sur le Ticino

 Je suis entraînée dans la ville  par mes amis Pietro et Madilda. Nous commençons par la visite de l'université, la plus ancienne d'Europe (1361)
l'université construite en 1361

Ensuite nos pas nous mènent tout simplement au pieds des campaniles. Leurs hauteurs variaient selon la richesse de la famille. La ville de Pavie possédait 100 tours en brique, aujourd'hui la ville n'en compte plus cinq.
un campanile

En fin d'après-midi, lorsque le soleil commence à descendre, nous entrons dans l'immense cour de la Chartreuse de  Pavie.
L'église est là devant moi, majestueuse, imposante, solennelle. Sa façade est composée de simples rectangles superposés  et couverte d'une décoration abondante.
L'intérieur regroupe plusieurs styles architecturaux,. Marbres, peintures, vitraux, sculptures et bois composent ce grand héritage conservé par  les moines.
Aujourd'hui, la Chartreuse est habitée par des moines cisterciens.


façade de la Chartreuse de Pavie

Notre escapade se termine au salon de thé Pasicceria où nous dégustons un torta paradiso  
( gâteau du paradis )


" Quiconque a un rêve devrait aller en Italie. Peu importe si l'on pense que le rêve est mort et enterré, en Italie, il se lèvera et marchera à nouveau"  Elisabeth Spencer

jeudi 10 mai 2012

Le Morvan

Nous quittons la Côte d'or et ses vignes pour arriver dans une Bourgogne méconnue, le Morvan.
Traverser le Morvan, c'est découvrir un vieux massif granitique, avec ses immenses forêts anciennes et ses plantations de sapins de Noël.

Nous sommes entraînés dans un voyage dans le temps.

Au milieu de XIX ème siècle, le Morvan a connu une grande évolution. Après les inondations de paris en 1910, ont été créés de grands lacs pour réguler le débit de la Seine. Ces lacs ont pour noms, Pannecière, Chambousn, St Agnan et les Settons




Lac de Pannecière


Dès 1850, le bois qui servait à chauffer la région parisienne est remplacé par le charbon, et le bois de flottage cesse en 1914. L'exode rural se fait massivement et se poursuit pendant tout le XX ème siècle.

On ne peut pas quitter le Morvan, sans aller rendre visites aux célèbres nourrices.
L'industrie des nourrices et des enfants assistés est un fait de société peu ordinaire. Plusieurs milliers d'enfants sont venus vivre dans le Morvan et des milliers de nourrices les ont allaités et nourris.



trouver sur le net


Le manque d'hygiène, l'éducation rude, les sevrages hâtifs et l'appât du gain font augmenter la mortalité  infantile ( on parle de 33% entre 1858 et 1869 )

Les enfants assistés n'ont pas cessé de rapporter aux paysans du Morvan : environ 1000 francs pour un enfant élevé jusqu'à douze ans. E n 1911, le salaire mensuel pour les " nourrissons" est de 33 francs au lieu de 18 francs en 1876

C'est après la guerre de 1914-1918, que l'industrie des nourrices prend fin avec l'apparition des biberons

samedi 5 mai 2012

Jaune

La toile est là, posée sur le chevalet.

Tout à coup j' ai envie de la peindre en jaune, de ce jaune éclatant, éblouissant, aveuglant, triomphant.
Nulle couleur n'est plus réjouissante que le jaune
Le jaune réveille la nature. Les jonquilles printanières congédient le gris de l'hiver et les colzas se lèvent fièrement dans les champs, les boutons d'or secouent les dernières gouttes de rosée et regarde le soleil dans les yeux..Les pissenlits s'unissent pour former de grandes plaques jaunes d'or sur le vert tendre des prairies.



L'or des colza s'étend sur le champ




les boutons d'or se réveillent au bord du chemin



La toile est  là, toujours posée sur le chevalet mais voilà qu'un léger vent fait frémir les magnifiques tournesols de Van Gogh . Vincent est le premier peintre qui comprend l'importance de cette couleur dans les tableaux. La lumière et le soleil le fascine. J'aime l'incomparable clarté qui se dégage de cette peinture.

Le chevalet est toujours là mais la toile est retournée.Le jaune est pâle. Le jaune aurait-il d'autres visages ?

Au moyen âge, il peint les portes des traitres afin que l'on les reconnaisse  Il prend la forme d'une étoile, cousue sur le revers d'un manteau. Il est la couleur de la folie et de haine, de l'humiliation. Il donne sa couleur à la tristesse, à la maladie.

Je n'aime pas les visages de ce jaune là. Je jette la toile.


Un homme blanc, un homme noir, un homme jaune : toutes les larmes sont salées
Claude Aveline