Si nous allions à la foire ?

« Tirez sur un fil et c’est toute l’Histoire qui se déroule… »

En ce lundi de 1269, l'automne commence à peindre ses couleurs sur les arbres. Vite, la soupe au lard est mangée. Robin attelle sa fidèle jument brune  et Jeanne s'installe dans la carriole. Les poules et les lapins sont entassés dans de petites cages à claire voie. Le beurre façonné dans les moules de bois et les œufs de la semaine sont couchés dans de petites corbeilles d'osier.
A petits pas, ils partent pour la foire de Louhans. Surtout ne pas casser les œufs, leur vente est si précieuse pour Jeanne. Avec les sols des œufs et du beurre elle achètera une ou deux bougies ou une toile de lin

trouver sur le net

En ce lundi 1900, dans l'aube naissante, Henri aide Madeleine à installer ses paniers sur le champ de foire.
Dans une grande panière, des poulets liés par les pattes attendent, résignés. Madeleine espère vendre bien vite ses fromages de chèvre, ses fourmes, son beurre et ses œufs car aujourd'hui, elle a besoin de sucre et de café. Et si la vente est bonne, elle s'offrira un peu de mercerie.

En ce lundi 2014,  les petits producteurs sont toujours au rendez-vous depuis des siècles. La foire de Louhans reste une place d'échange entre les villages de la Bresse Bourguignonne. Maintenant, les visiteurs viennent de loin et s’extasient devant les superbes poulets de Bresse et autres volailles.

En ce lundi 2014 midi sonne au clocher de l'église, Robin, Jeanne, Henri et Madeleine retrouvent Laurent et Sylvie pour partager et déguster la fameuse " tête de veau ".

Vendeurs des rues

Irkoutsk, Juin 2012, le soleil est éblouissant et le thermomètre dépasse les 36°. Vite, les filles sortent leurs tenues légères et colorées et les vendeurs installent leurs étals aux coins des rues.
Vite car  l'été est très court en Sibérie.

A l'ombre d'un mur un couple offre leurs productions personnelles, bottes de poireaux, gros cornichons, quelques fruits, des graines et des poissons séchés.
Sur une petite place, j'aperçois un gros tonneau jaune posée sur des roues. Il fait chaud, très chaud en Sibérie les deux mois d'été. les gens se désaltèrent en buvant du Kvas ( Le kvas est une boisson préparée à base de pain ou de blé )

La vendeuse de kvas
Photos prises avec l'autorisation des personnes

Pekin Juin 2012, le soleil ne parvient pas à franchir  le mur de pollution et le thermomètre inscrit 31°. L'étal des vendeurs ambulants regorge d'épices, d'insectes grillés, des mélanges sucrés-salés. Et à chaque fois, un étonnement, un émerveillement, un régal des sens. Un véritable voyage gastronomique.

photo prise en plein centre de Pékin

Lisbonne Juin 2013, le soleil est resplendissant et le thermomètre annonce 29°. Dans l'avenue de la Liberdade, les cireurs de chaussures s'installent tous les matins comme leurs pères et leurs grands-pères avant eux. Des femmes à la voix gouailleuse, pleine d’éloquence, proposent la fameuse coriandre qui parfumera soupes et poissons.

La vendeuse de coriandre

Le cireur de chaussures

Le soleil  est bien rouge à l'horizon lorsque les vendeurs regagnent leurs isbas, leurs siheyuans ou leurs iars

... les vendeurs s'apostrophent: ils se connaissent bien
Car ils sont côte à côte de semaine en semaine
Ils se racontent tout: leur vie, leurs joies,leurs peines
Leurs accents fleurent l'ail, l'oignon,et le jasmin...

auteur inconnu

les trottoirs

Les trottoirs sont de véritables galeries de peinture. Les dessins des pavés noirs et blancs rappellent la mer et ses poissons. les motifs racontent aussi les grandes armadas lorsque les portugais partaient à la conquête du monde. les vagues roulent doucement dans la ville.

Nous sommes sur les trottoirs de Lisbonne. Assis sur un petit tabouret Manuel taille des petits cubes de basalte noir et de calcaire blanc et redessine de nouvelles arabesques sur les trottoirs de la célèbre avenue de la Liberdade.
La brillance, la douceur et la  rondeur des pavés de Lisbonne s'offrent à nous pour nous raconter la lente histoire des mondes. La nuit, les pavés ( empedrados ) scintillent et pétillent sous la lune.

Cette tradition remonte au 18 eme siècle. Les portugais ont habillé les trottoirs de leurs villes mais aussi ils ont embelli, du temps des colonies, ceux du Brésil, du Mozambique, du  Cap Vert et l'Angola.

Laisser glisser vos pas sur ces œuvres d'art et admirez les sans modération

" jetez mille œillets sur les pavés d'ombre et de lumière sculptés par l'homme,

  jetez mille œillets et revivez Lisbonne "

auteur inconnu

Une petite goutte d'eau

La goutte d'eau se fracasse lourdement sur la pierre et glisse dans la poussière. Le ciel est  noir et le tonnerre gronde. la petite goutte d'eau n'est plus seule, une autre goutte heurte violemment le sol, puis d'autres encore tombent en ricochant sur les roches. Elles tombent jusqu'à ce que le gros nuage soit vide.
La petite goutte est emportée avec les autres gouttes dans un torrent qui dévale à toute allure la montagne.

Ciel noir dans les Vosges

L'orage a gonflé à pleins bords le lit du torrent. La goutte roule sous les rochers et se blesse sur le fond caillouteux, elles essaie de s'accrocher aux herbes qui se baignent dans le torrent. En vain, le torrent l'emporte car la petite goutte ne sait pas bien nager.

Torrent d'Auvergne

Tout à coup le silence brise le tumulte, le ciel déchire son voile sombre et laisse place à un arc en ciel multicolore aux couleurs pastelles. Le torrent s'apaise en arrivant dans la vallée et s'endort dans les roseaux de la rivière.

Rivière de mon village d'enfance

La petite goutte d'eau se retrouve abandonnée sur une  pierre plate du ruisseau. Elle est seule et pleure en regardant les nuages. Le soleil la regarde, prend pitié et sous ses imposants rayons, la petite goutte d'eau s'évapore. Elle a regagné les nuages.

Le printemps, une joie

Pourquoi le printemps nous apporte-t-il tant de joie ?

Le soleil est moins blanc et gonfle ses rondeurs. le printemps qui n'a aucune passion pour l'hiver, le chasse en réveillant les fleurs. C'est  avec beaucoup de douceur que le printemps ranime et défroisse les feuilles endormies des fleurs. Des odeurs éclatent, elles donnent le vertige aux premiers perce-neige et aux violettes sauvages à l'orée des bois.

Les violettes du jardin

photo prise pendant une randonnée

Impossible de passer à cotés de ces métamorphoses tant attendues pour célébrer la vie qui revient. Nous aimons ce moment magique où la nature se pare de mille couleurs.
Qu'il est bon de retrouver cette jolie saison qui dessine des sourires sur nos visages et dans nos têtes. Le printemps a été inventé par les poètes pour nous faire apprécier les plaisirs simples de la vie: les couleurs de la nature, les bruissements d'ailes des moineaux, les chuchotements cristallins des ruisseaux, le bourdonnement des abeilles, les parfums lourds des jacinthes.

Ruisseau d'Auvergne ( 2013 )

Ouvrons portes et fenêtres, congédions les poussières et laissons entrer le chant des oiseaux.

Le blé devient pain

Dans la plaine, les blés couvert d'or, bruissent sous le vent de l'été. Les coquelicots et les bleuets accompagnent ce frémissement.
Depuis quelques jours les épis de blés sont lourds et s'impatientent. La moissonneuse est dans le champ.
 Les gerbes ne sont plus liées ensemble et ne forment plus de jolis dômes. Ces meules qui ont fait le bonheur des Monet, des Millet, et de tous ces peintres du 19eme siècle. Maintenant, c'est dans la poussière et le bruit que les grains de blé tombent avec douleur dans de grandes bennes.

Les blés près de chez moi  (photo 2013 )

Depuis longtemps, les grandes ailes des moulins se sont repliées et l'eau des rivières ne fait plus tourner les roues à aubes. Ils sont remplacés par les minoteries industrielles

Le moulin de Sorine

Mille grains écrasés  feront un pain. Des milliard de grains écrasés feront des pains de campagne, des miches, des fougasses ,des petites et grosses baguettes.
Dans le four, les braises incandescentes enveloppent le pain de chaudes caresses. Doucement, sous cette tendresse, le pain enfle, gonfle et se met à chanter.
Les pains de seigle, de son, de froment, aux céréales et aux graines forment de magnifiques rondes sur les tables du monde que les hommes se partagent avec amitié et solidarité.

pains fabriqués au moulin Bio de mon village

Les gerbes

Malezieux ( 1873- 1951 )

...Nous irons, couronnés d'épis

conquérir

terre et pain pour tous 

et alors la vie aussi

aura forme de pain

elle sera simple et profonde...

extrait de l'ode au pain de Pablo Nureda