Lettre imaginaire écrite par mon grand-père à sa mère.
.................., 23 décembre 1914
( La censure interdit de lieu de l'émission )
Chère mère.
Un pâle soleil fait briller la neige qui me rappelle qu'aujourd'hui c'est Noël. Je suis dans la tranchée inondée et je grelotte de froid. Je mange un insipide biscuit que je trempe dans un mauvais café. J'attends avec impatience le colis que tu dois m'envoyer que je partagerai avec mon camarade Arsène, lui qui ne reçoit jamais rien.
Ce soir, je suis si fatigué des nuits sans sommeil, des tensions nerveuses, du bruit des obus, du sifflement des balles. je suis si las de cette guerre.
Non, je ne rêve pas. Les premiers mots de Stille Nacht montent de la tranchée allemande. Les mots sont de plus en forts, de plus en plus près. Lentement, les allemands sortent de leurs tranchées et viennent à notre rencontre. Au milieu de ce désert lunaire, français, allemands, anglais et belges chantent à l'unisson un magnifique " minuit chrétien "
L'aube commence à pâlir et le ciel se met à pleurer des larmes blanches. Petit à petit, la neige
recouvre la boue des tranchées.
Je vais essayer de dormir quelques heures.
je termine ma lettre en t'embrassant bien fort.
Ton fils Joseph
Stille Nacht, Heilige Nacht
Alles schläft, einsam wach
Douce nuit, sainte nuit
Dans les cieux, l'astre luit.
Cette trêve de Noël 1914 aura duré une journée. Des hommes ont montré que la paix était possible, que l'on pouvait vivre ensemble. Mais voilà, les politiques en ont décidé autrement. Il ne fut plus question de trêve durant tout le reste de la guerre.
C'est sous l'autorité de généraux peu expérimentés que 8 millions d'hommes sont morts. En cette période de Noël 2014, mes pensées vont vers eux.
" On croit mourir pour la patrie, on meurt pour des industriels et des banquiers "
Anatole France
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